La mascotte du cours moyen, by S. GILMAR Société Nouvelle des Editions G.P. Paris Bibliothèque Rouge et Or Souveraine Dépôt légal 1964

FICHE TECHNIQUE DU LIVRE

Edition :   SOCIÉTÉ NOUVELLE DES ÉDITIONS G. P.
80, RUE SAINT-LAZARE, PARIS-9e

est le deux cent huitième de la
BIBLIOTHÈQUE
ROUGE ET OR
Série « Souveraine »

Dépôt légal n° 1244 – 3e trimestre 1964     Parution Novembre 1964.

il a été imprimé
sur les presses de
l’Imprimerie Maillet
à Saint-Ouen

Photogravure S. T. O.

ILLUSTRATIONS DE PIERRE LE GUEN
Plus de 60 en couleurs pleine page hors-texte et,
couleurs et noir & blanc in texte.

Il aborda un autre sujet…   p. 27
Tout le monde était d’accord sur le principe…   p. 59
Nous voulons M. Freyssac!.   p. 79
Quand il posa le panier sur le bureau de la maîtresse…   p. 107
Je dois prendre mon autobus ici, dit la petite institutrice.   p. 127
Heureusement le jeu touchait à sa fin.   p. 153
Jeu très animé, comme vous pouvez en juger.   p. 183

© 1964 – Société Nouvelle des Editions G. P. Paris

Reliure :   Pelline ivoire, dos orné, plat décoré au balancier.

Tous droits de reproduction,
de traduction et d’adaptation réservés
pour tous pays y compris la Russie.

PRINTED IN FRANCE

Livres épuisés chez l’Editeur

EXTRAIT   La mascotte du cours moyen by, S. GILMAR   page 78

  Sur le terrain vague, les joueurs de football poursuivaient méthodiquement leur entraînement individuel. Il s’agissait de se maintenir en forme, de poursuivre les efforts commencés, plutôt que d’entamer une vraie partie. La bonne entente ne régnait pas malheureusement parmi les équipiers; qu’une faute soit commise, le coupable essayait d’en faire retomber la responsabilité sur un autre joueur. Nicolas rencontrait les plus grandes difficultés pour trouver les adversaires dont l’équipe avait besoin afin de s’entraîner. Conseillers techniques et spectateurs avaient abandonné la partie.
  Jamais les élèves du cours moyen n’avaient été aussi turbulents, aussi fatiguants, aussi énervés. Ils étaient « intenables », comme disaient les mamans, qui venaient trouver, à tour de rôle, M. le Directeur pour lui faire leurs doléances.
  Jamais pourtant les garçons n’avaient été si tranquilles à l’école. Mis à part le cri fatidique, hallucinant, qui continuait à ponctuer chacune des heures de cours, on ne pouvait rie reprocher au cours moyen 2. Un observateur attentif eût vite décelé, toutefois, que cette tranquilité de surface n’était pas de bon aloi. C’est un fait : une fois franchie la porte de l’école, les gamins n’avaient plus aucune maîtrise d’eux-mêmes. La cohésion même qui les unissait si étroitement dans le local scolaire avait tôt fait de se transformer, en dehors des murs, en une agressivité individuelle et collective. Pour un oui, pour un non, on se chamaillait, on se bagarrait, on se battait. Les parents subissaient quotidiennement le contrecoup de cet état de choses.
  Tous les moyens les plus divers avaient été mis en oeuvre pour obtenir des garçons le secret de la « phrase sacrée ». Comment pouvaient-ils la crier tous ensemble, exactement au même instant? Il ne pouvait être question d’une minute précise, fixée à l’avance : la plupart des garçons ne possédaient pas de montre!
  Plus on essayait de les faire parler, plus ils se fermaient, plus ils se tendaient. Leur réponse, d’ailleurs, était toujours la même : à un moment donné, ils sentaient le besoin de crier : « Nous voulons M. Freyssac! » Et c’est au même moment que tous étaient poussés à crier les mêmes mots.
  Le directeur était soucieux, à présent, des réactions psychologiques des trente-deux garçons dont il était responsable vis-à-vis de leurs parents. Il y avait là quelque chose qui ne tournait pas rond. L’équilibre des enfants, la bonne marche de l’établissement étaient en jeu; on ne pouvait plus considérer l’affaire
comme une simple gaminerie. Le directeur songeait même à demander l’aide d’un psychologue.
  En attendant, il avait prévu une réunion de parents pour les familles du cours moyen 2. Une bonne cinquantaine de personnes avaient répondu à son appel, ce qui soulignait assez l’importance que l’on attachait à cette réunion dans les familles.
  Mme Richard, la mère d’Alex, qui avait eu l’idée de la pétition, brandit, en entrant, une lettre qu’elle avait reçue le jour même de l’Inspection générale de l’enseignement primaire.
 

Madame,
 

  Par lettre du 8 courant, qu’accompagnait une pétition de parents, vous me faisiez part de votre étonnement que soit « déplacé » Monsieur Freyssac, instituteur à l’école de la Cité de la Tourrière.
  J’ai l’honneur de vous faire connaître que Monsieur Freyssac n’a pas été déplacé, mais ce jeune maître suppléant, qui n’est pas encore titulaire, doit effectuer un stage de formation professionnelle à l’Ecole normale. Il ne s’agit donc pas d’une mesure contre l’institution, mais, au contraire, d’une décision qui lui permettra de parfaire ses qualités pédagogiques.
  Je suis persuadé que vous comprendrez que cette décision a été prise dans l’intérêt même de ce jeune maître. Il m’est agréable, enfin, de constater combien les mérites de Monsieur Freyssac étaient appréciés par les parents de ses élèves.
  Veuillez agréer…
  –

  Le directeur lut à haute voix la lettre et hocha la tête. Cela concordait avec les renseignements qu’il venait de recevoir lui-même.
  Il fit aux parents un exposé de la situation. Il mit en valeur les qualités de Mlle Spencer et fit allusion aux difficultés qu’elle rencontrait. Il s’accusa d’avoir tacitement approuvé la pétition.
  – Nous avons donné aux enfants, dit-il, l’impression qu’ils devaient soutenir notre protestation, et donc que nous sommes toujours plus ou moins d’accord avec leur façon de faire.
  Mme Richard leva la main.
  – Monsieur le Directeur, c’est moi qui ai pris l’initiative de la pétition, et je persiste à croire que nous avons absolument raison de protester. Nos enfants travaillaient très bien avec M. Freyssac; ils aimaient aller à l’école, ils aimaient étudier. Je ne veux rien dire contre Mlle Spencer, dont je n’ai pas encore fait la connaissance, mais je sais qu’après le départ de M. Freyssac Alex a recommencé à avoir des cauchemars. Aurions-nous dû nous incliner devant la décision de l’Inspection de l’enseignement? On aurait dû attendre, pour prendre cette mesure, la fin de l’année scolaire. Nos enfants ont certainement tort dans leur façon d’agir, mais en un sens on les comprend!
 


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