L’escalier bleu, by Renée AUREMBOU Editions G.P. Paris souveraine

FICHE TECHNIQUE DU LIVRE

Edition :   ÉDITIONS G. P., 80, RUE SAINT-LAZARE, PARIS (9è)  

est le cent quarante-troisème
de la
BIBLIOTHÈQUE
ROUGE ET OR
“ Série Souveraine ”

C. O. L. 11.0282   Photogravure S. T. O.   Dépôt légal N° 676

il a été achevé d’ imprimer
pour les
ÉDITIONS G. P. à Paris
en Juin 1959
sur les presses de
G.   MAILLET et Cie
à Saint-Ouen

ILLUSTRATIONS DE JEAN SIDOBRE
couleurs pleine page hors-texte annotées et,
couleurs et noir & blanc in texte.

Le vieux Monsieur ouvrit pour elles ce livre relié… p. 19
Les enfants profitèrent de la douceur de la nuit bleue. p. 31
Comment voulez-vous dénicher un livre, un seul, parmi cette foule? p. 91
Chaque après-midi, après la sieste, ils partirent se promener. p. 99
Les enfants, accoudés au petit mur, regardent les vagues… p. 127
Au bout de la jetée la haute proue a surgi. p. 163
Les quatre ont nagé, plongé et nagé encore… p. 175
Elle s’attaque au bouton en relief.. p. 183

© 1959 Éditions G.P. Paris

Reliure :   Reliée sur cartonnage, pelline ivoire, plat décoré au balancier.
Présentation sous Jaquette illustrée couleurs à double volets.

PRINTED IN FRANCE

Livre épuisé chez l’Editeur

EXTRAIT   L’escalier bleu, by Renée AUREMBOU   page 101

  Les « quatre » prirent donc l’habitude de quitter plus souvent la maison. Chaque après-midi, après la sieste, ils partirent « se promene », Don Equis en tête.
  – Madre! nous allons sur les quais, voir un bateau arrivé ce matin.
  On allait sur les quais en effet, on se promenait pour de bon. Souvent, l’une des petites arrêtait net son discours pour s’écrier :
  – Mon Dieu! la jolie barque! Et comme la mer ressemble à de la soie! Et les collines! Les moulins sont tout blancs sous le ciel bleu! Quel pays!
  Lorsqu’ils étaient « les gros milliardaires américains » dont parlait Boucles-d’Or, c’est-à-dire quand ils possédaient quelques pesetas, ils faisaient les grands. Ils s’asseyaient sous les ombrages légers de l’Estrella, Sa Majesté Carthaginoise couchée à leurs pieds. L’ami Augusto leur apportait une horchatta glacée où une paille tremblait dans le liquide laiteux…
  Les fillettes adoraient cette boisson étrange, la boisson de Valence, au goût rappelant la vanille et l’anis, plus désaltérante que n’importe quelle citronnade… Gonzalo, dans ses bons jours, aimait à jouer au chevalier servant; il se dévouait alors pour aller chercher à la pâtisserie toute proche certains délicieux macarons aux amandes. Ils étaient si gros et si bon marché que Lise prétendait même que ce serait faire une injure à Ibiza que de ne pas en profiter… Autour d’eux, les touristes se prélassaient, goûtant la beauté du soir qui s’en venait avec toutes ses teintes lilas.
  Et ce fut devant une horchatta particulièrement délicieuse que Lise fit le point.
  – Écoutez-moi. Ce n’est pas l’affaire du Collier, ni l’affaire du Courrier de Lyon, non; la nôtre, c’est l’affaire du Don Quichotte en Deux Volumes! Don Luis a fait exprès, certainement, de n’emporter que le premier et de laisser le second à Ibiza. Car dans le second il y avait un message secret, le dessin mystérieux.
  Gonzalo finit sa gorgée, et approuva.
  – De plus, je mettrais ma main au feu que nous sommes les premiers à l’avoir lu depuis que…
  – Depuis que don Luis l’a mis à l’ombre… dans la reliure! ponctua Martine.
  Dans le bleu intense du ciel passaient des mouettes blanches.
  Lise, lancée, continua :
  – Ce « frère jumeau » ne peut être que le tome II, à cause de ce Hermano (frère) dans le coin déchiré! le hasard seul nous l’a fait découvrir; mais, à cause du message en vers, nous pouvons penser, nous autres, que le dessin contient un secret. Il l’a bien dit, don Luis : « Un grand secret découvriras »… un grand secret tu découvriras… Êtes-vous d’accord? Si je me suis trompée, allez-y.
  Elle aspira un peu de boisson opaline, et attendit. Chacun réfléchissait. Enfin Gonzalo se décida.
  – Tout a du se passer de cette façon-là. Avant de quitter Ibiza, don Luis avait dissimulé Dieu sait quoi qu’il ne pouvait emporter. Peut-être une autre lettre, un autre document expliquant les raisons de son départ? Peut-être le « trésor »?
  Sur le quai, la foule se faisait plus dense, à cause du bateau de Valence qui allait partir, un bateau blanc qui reluisait.
  Boucles-d’Or s’arracha à son admiration.
 

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