Popov, by Paul-Loup SULITZER, Edition n°1/Olivier Orban Dépôt Légal 1986

FICHE TECHNIQUE DU LIVRE

Edition :   Édition n°1/Olivier Orban

Imprimé en France

N° d’édition : 8108.   N°
d’Impression : 1294.
49-0135-07

© Éditions°1/Olivier Orban, 1984.

Achevé d’imprimer en juillet 1984
sur presse CAMERON
dans les ateliers de
la S.E.P.C.
à Saint-Amand-Montrond (Cher)

Reliure :   Brochée sur carton souple  

Atelier Pascal Vercken
PHOTO : Louis Monier (A.P.P.M.)

Prix neuf Editeur = 69,00 FF TTC.

CITATIONS

  Les yeux du chaos brillent derrière le voile de l’ordre.

      Novalis

  Je pense à moi-même comme à un grand explorateur qui ayant découvert un extraordinaire pays n’en peut jamais revenir pour faire don au monde de son savoir, mais le nom de ce pays est ENFER.

      Malcom Lowry (Au-dessus du volcan).

EXTRAIT   Popov by Paul-Loup SULITZER page 158

  La durée de leur visite n’excéda pas vingt minutes. Jacqueline Motte les raccompagna jusqu’à la porte. Elle fit même quelques pas au-dehors, resserrant autour d’elle le long cardigan irlandais. Avec au fond des yeux cette même lueur dure et fiévreuse, elle dit qu’elle aussi allait reprendre la route, pour Paris, sans doute au début de l’après-midi. A une dernière question que lui fit Paul, elle répondit que oui, elle mettrait Bois-Priay en vente, sitôt qu’elle en aurait acquis elle-même la propriété pleine et entière.
  Ils remontèrent dans la Porsche, Julie au volant. Ils suivirent l’allée et le cheminde terre. Se retrouvèrent à l’orée de la route.
  Louis Métras les attendait, à quelques centaines de mètres de la maison, hors de vue de celle-ci, immobile sur le bas-côté herbu blanchi par le givre. Julie stoppa à sa hauteur. Il se pencha sur la vitre qui s’abaissait.
  – Je voulais vous dire merci, pour hier soir. Vous avez fait ce qu’il fallait faire, au moment où il le fallait.
  Et les coups de feu? demanda Paul.
  Métras planta très droit son regard bleu :
  – Un de mes fils qui s’amusait avec une carabine qu’il vient d’acheter. Il a blessé l’un de ses frères mais rien de sérieux. Ca n’a pas de tête, à cet âge. Ce n’est pas grave.
  – Tant mieux, dit Julie.
  – Métras hocha la tête. Déjà, il se redressait. Paul s’allongea, se pencha par-dessus Julie de façon à poser sa main sur le rebord de la portière :
  – Y avait-il quelqu’un dans la maison? Un homme blond très pâle, aux yeux très clairs, presque aussi grand que moi?
  – Les seconde coururent. Métras dit enfin, de sa grosse voix rugueuse :
  – C’est Mme Motte la propriétaire de la maison et du reste. Ca dépend d’elle, qu’on reste ici, ma fzamille et moi. Et nous voulons rester, on le veut vraiment. On tient à rester plus qu’à n’importe quoi d’autre.
  Il recula de deux pas, massif, ses pieds bottés lourdement établis sur la terre craquante de gel. Il détourna les yeux, muré.
  Julie fit repartir la voiture.
 
  Ils parcoururent dans un silence total la route du retour. Ils entrèrent dans Genève avant deux heures de l’après-midi. D’un commun accord, ils rejetèrent l’idée d’aller déjeuner quelque part et gagnèrent directement l’appartement du quai Wilson.
  Déjà, moteur coupé dans le garage souterrain de l’immeuble, elle hésita une première fois. Elle dit qu’elle avait l’intention de se rendre chez ses parents à Cologny, d’y passer la nuit, voire trois ou quatre jours.
  De toute façon, il lui restait une bonne semaine de vacances à prendre.