L’Impératrice, by Paul-Loup SULITZER, STOCK/EDITION N°1 Dépôt Légal 1986

FICHE TECHNIQUE DU LIVRE

Edition :   Stock/Édition n°1

Dépôt légal : novembre 1986

Imprimé en France

N° d’édition : 3037.   N°
d’Impression : 5665.
49-22-0222.08

© Éditions°1/Editions Stock, 1986.

Cet ouvrage a été réalisé sur
Système Cameron
par la SOCIÉTÉ
NOUVELLE FIRMIN-DIDOT
Mesnil-sur-l’Estrée
pour le compte des Éditions N°1
en octobre 1986

Reliure :   Reliée plein skivertex sous emboîtage.  

PHOTO : H. RUBINSTEIN.   MAQUETTE : VIRGINIE DEMACHY.
PHOTO P.-L. SULITZER : LOUIS MONIER.

EXTRAIT   L’Impératrice (Hannah 2) by Paul-Loup SULITZER page 142

  Il arrive du Pérou. A moins que ce ne soit de Bolivie, il ne sait plus très bien lui-même. En tout cas, il y avait des montagnes et des lamas, de cela il est à peu près sûr. Il auarante-huit ans et, hormis le petit grisonnement sur ses tempes et dans sa moustache, on dirait un jeune homme. Trois ans plus tôt, lors de la naissance d’Adam, prévenu on ne sait par qui, il a surgi à New York, faisant fichtrement sensation avec ses fourrures de trappeur du Grand Nord au beau milieu du salon principal de l’institut. Jessie, la directrice, l’a fait mettre dehors, croyant à un énergumène. Il n’a pas protesté ni dit qui il était. Il a attendu quatre heures la sortie d’Hannah, bavardant en polonais ou en italien avec les policiers effectuant leur ronde. Le même soir, après être parvenu à la calmer (elle voulait mettre Jessie à la porte, pour son manque de discernement), il s’est retrouvé à la même table que Junior Rockefeller et onze autres invités presque aussi prestigieux. Elle s’attendait à des réflexions acides, ou à de la gêne, et se tenait prête à égorger quiconque lui dirait du mal de son Mendel. Pas du tout. Il a fasciné tout le monde avec ses histoires de chercheur d’or au Klondike, ses villégiatures dans les bagnes sibériens, sa traversée du désert de Gobi puis de la chine entière, ses vagabondages sur les sept mers, ses errances dans le monde entier, le fait qu’il sache quinze ou vingt langues…
  – Combien de pays avez-vous vus, Mendel?
  – Comment le saurais-je ?
  – Vous n’avez qu’à les compter.
  Il hausse ses énormes épaules et frépond qu’il n’en a rien à foutre.
  Trois ans plus tôt toujours, après le dîner en question, lui et Taddeuz sont partis boire un verre. Ils sont rentrés trois jours plus tard, dans un état effroyable :
  – Mais c’est vous qui portiez mon jules sur vos épaules…
  – Ces jeunes, ça ne tient pas debout. Où en es-tu avec lui, morveuse?
  – Je me demande bien en quoi ça vous regarde, dit-elle en s’esclaffant.
  – Il y a combien de temps que je te connais?
  – Ça doit faire dans les vingt-quatre ans.
  – Ça fait vingt-quatre ans que j’ai envie de te flanquer une rouste. Où en es-tu avec lui?
  – Je lui fais des enfants.
  – Tu as pris le temps de réfléchir. A part ça?